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Vous avez aimé... alors vous aimerez... - Page 3

  • Dora

    dora, minaverry, l'agrumeCa c'est un bel exemple de ce qu'on fait de bien graphiquement et scénaristiquement parlant en BD indé (-pendante ou alternative, comme vous préférez). Avec des traits pleins et ronds un peu comme Marjane Satrapi (Persepolis, Poulet aux prunes, Broderies...) et moins crayonnés que Nancy Pena (Le Chat du kimono tuerie 2011, Les Nouvelles aventures du chat potté), Minaverry l'Argentin, inconnu en France, raconte l'histoire en noir et blanc de Dora. Dora, juive marocaine de 16 dans le Berlin de la fin des années 60, a été transbahutée au gré de l'Histoire entre Paris, Amsterdam, Fez et Berlin. A Amsterdam son père a été déporté vers Aushwitz où il y est décédé, à Féz elle a grandi, à Paris habite sa mère. Et à Berlin elle travaille dans les archives récupérées aux nazis après la fin de la guerre.

    Dora n'oublie pas les camps, n'oublie pas son père et n'oubliedora, minaverry, l'agrume Josef Mengele le médecin d'Auchwitz disparu depuis la chute de Berlin. Tous les jours elle photographie les archives concernant les nazis qu'on a pas encore retrouvés avant  Nuremberg, surtout celles qui traitent de Mengele. Elle se fait sa petite collecte d'archives persos, comme un écureuil sa provision de noisettes, jusqu'à ce qu'elle revienne vivre avec sa mère à Paris. A Paris, son histoire et son intrépidité vont lui faire rencontrer de jeunes militants communistes et elle croisera sur sa route les porteurs de valises du FLN. Ce sont ses archives et son amie d'enfance Judith, partie en Argentine avec sa famille qui vont lui ouvrir les portes de l'espionnage et des réseaux d'exflitrations des anciens nazis, réseaux favorisés par les péronistes en place pendant la seconde guerre mondiale. Parce qu'il semblerait bien que Mengele a été reperé en Argentine. La clef de sa mission là-bas réside dans un mystérieux personnage qu'on imagine bien travailler pour le Mossad même si ce n'est jamais dit.

    dora, minaverry, l'agrumeDora , c'est tellement de la BD indépendante que c'est seulement quand on a fini l'album qu'on sait que ce n'est pas un one-shot ! Il y a un deuxième tome mais pas de tomaison sur le premier, pas de titre de série et pas titre pour le premier tome. AAAAAAh je suis restée sur ma faim, car Dora m'a complètement scotchée par le dessin et par le fond, parce qu'en plus d'être une histoire avec un petit H en marge de celle avec un grand H, Dora c'est aussi le parcours initiatique d'une jeune fille qui découvre le sexe, les clopes, les causes militantes, la responsabilité de ses actes, la conscience...

     Si vous aimez Dora , alors vous aimerez le premier tome (seul paru pour le moment) d'Ernesto par Gabriel Ippoliti, sur la jeunesse romancée mais peut être pas si fictive que ça du Che.

  • C'est pas la première impression qui compte

    le prisonnier du ciel, carlos ruiz zafon, guerre civile espagnoleJe l'ai déjà dit, il y a des livres dont j'ai peur de parler pour ne pas laisser s'envoler la magie de la lecture par des banalités qui ne sont pas à la hauteur du livre. Mais je me lance quand même. Il y a quelques années on m'a offert 2 fois le même noël L'Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon. Ca a été une révélation, un rêve fantasmagorique de 400 pages dans les brumes épaisses d'une Barcelone qui ne ressemble en rien à celle de L'Auberge espagnole de Klapish Puis il y eu la suite, Le Jeu de l'ange, un prequel comme on dit maintenant, qui chronologiquement pose les pierres du premier tome. Et là j'ai trouvé ça glauque et presque malsain. Une grosse déception pour moi.

    Et début 2013, sort Le Prisonnier du ciel, le troisième tome de cette trilogie qui peut se lire dans le désordre, même si vous le verrez si vous vous lançez, c'est en lisant les 3 tomes à la suite qu'on se rend compte du tour de forçe littéraire de Zafon. J'ai eu du mal à l'acheter, je voyais Le Prisonnier du ciel m'appeler sur les rayonnages des librairies comme un souvenir de L'Ombre du vent. Mais c'est pour les lecteurs de la bibliothèque que je l'ai acheté plus que pour moi, sachant qu'on nous le demanderait. Et ça a été plus fort que moi, je l'ai ouvert...

    Le Prisonnier du ciel est la "réécriture" réaliste du Jeu de l'ange, tout simplement. On y retrouve les Sempere père et fils, les gardiens d'une librairie barcelonnaise, l'ombre de Fumero le bourreau de la guerre civile espagnole, David Martin le jeune écrivain qui perd son âme en acceptant d'écrire le roman du siècle pour le compte d'un personnage diabolique dans Le Jeu de l'ange. Et Fermin. Fermin le protecteur de la famille Sempere. Un petit margoulin qui a traversé la guerre civile dans ce qu'il y a de plus horrible, qui n'a pas la langue dans sa poche et connait les moindres recoins de la Barcelone gothique aux brumes fantasmagoriques de Zafon.

    En 1957, un curieux personnage à la gueule cassé et au corps qui l'est encore plus, laisse un message à Fermin. Il posséderait quelque chose qui ne lui appartient pas, une clef. Plus que la clef d'un coffre, celle ci ouvre les portes du passé de Fermin, des secrets de la famille Sempere et les portes de la prison du Fort de Montjuic. A Montjuic, pendant la guerre civile, on a tué, rabaissé les hommes , torturé et laisser la cupidité et la soif de pouvoir prendre le dessus. Comme une boite de Pandore le fort de Montjuic est chez Zafon le berceau des atrocités de la guerre civile et de la "cupidité" (vous comprendrez en lisant le livre) de certains. Et c'est un chef d'ouvre littéraire, un tour de forçe dans la même veine que Shutter Island de Dennis Lehanne. 

    Et si vous aimez Le Prisonnier du ciel, vous aimerez également Ana non d'Agustin Gomez Arcos, l'histoire poétique d'une mère qui vit seule la tourmente de la guerre civile espagnole et l'emprisonnement de son fils dissident de Franco.

     

  • Certaines ont lu un livre...

    Voilà encore un livre de femmes écrits par une femme. Dans Certaines n'avaient jamais vuCertaines n'avaient jamais vu la mer julie otsuka la mer de Julie Otsuka, la voix des ces femmes japonaises vendues par leurs familles à des japonais qui ont émigrés aux Etats-Unis au début du 20éme siècle est carrément bouleversant. La narratrice qui n'est pas une femme mais toutes CES femmes à la fois, décrit leur parcours de vie et leurs désillusions. Elles pensaient que leurs vies allaient changer, que les hommes qu'elles allaient épouser leur offriraient une vie de confort et de richesse alors qu'elles se retrouvent à travailler dans les champs, à perdre leurs enfants leurs innocence et leurs illusions.

    Certaines n'avaient jamais vu la mer... certaines ont travaillé dans le champs d'autres chez de riches américains... certaines ont accouché dans les champs... certains ont vendu leurs enfants... certaines ont vu leurs maris arrêter par le gouvernement américain pour espionnage au temps où il ne faisait pas bon être japonais aux Etats-Unis... Certaines...

    Le livre se contruit ainsi pendant 140 pages et on ne s'en lasse pas, peut être que si ils avaient fait 100 pages de plus ça m'aurait gonflée. On pourrait même croire que l'auteur a choisi la solution de facilté, mais non l'émotion et le talent sont là. Je vous cache pas que je n'ai pas pu lire le livre d'un trait, beaucoup trop émue par le chapitre sur le enfants. Julie Otsuka mérite amplement le prix Fémina Etranger qu'elle a reçu et je conseille vivement ce livre !

    Si vous avez aimé La déesse des petites victoires ou L'armoire des robes ouliées de Rikka Pullkinen ou encore Love de Toni Morrison vous aimerez Certaines n'avaient jamais vu la mer.