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Le Bal des Folles

Tour à tour institution d’accueil des indigents, puis prison pour femmes, l’hôpital de la Salpêtrière sous la houlette du grand neurologue Charcot accueille à la fin du XIXème siècle épileptiques, « aliénées », hystériques. Pour la première fois de son histoire, l’établissement a une vocation médicale. Ici la maladie est exclusivement féminine et ce sont les hommes qui décident qui y entrent et qui en sort, mais ne rêvons pas cela n’arrive jamais. Puisque la maladie est féminine, le roman l’est aussi.
Louise, l’«hystérique » de 16 ans rêve d’être la nouvelle Augustine des cours du mardi du neurologue, Thérèse, l’ancienne prostituée devenue « La tricoteuse » n’a rien d’une « aliénée », mais a jeté son amant volage et violent dans la Seine. Eugénie, la nouvelle recrue, jeune bourgeoise visitée par l’esprit de son grand-père défunt, puis par d’autres, est internée par son père. 
Le jour de son arrivée à la Salpêtrière, ce don qui l’a mené dans ce gynécée neurologique va bouleverser la vie de Geneviève, l’infirmière-cheffe du service, femme austère et rigide
Chaque année à la mi-Carême est donné le « bal des folles ». Déguisées en Colombine, Arlequin, paysanne ou marquise au milieu du Paris en haut-de-forme et rivières de diamants, on se croirait dans un zoo. On vient de l’extérieur, on observe sans s’approcher entre curiosité malsaine et peur.
Cet événement exceptionnel qui donne son titre au livre est pour les « aliénées » un espace de liberté. Une catharsis, pendant laquelle elles peuvent enfin être elles-mêmes, un petit moment de gloire, où la liberté et l’émancipation sont autorisées. Vous le saurez si vous finissez le livre.
Le terme « aliéniée » ici dérange. Sous un même mot, la société d’alors fourre sans distinction aucune toutes les femmes qui dérangent. Qu’elles souffrent de maladies neurologiques autant que psychiatriques, qu’elles soient mendiantes, prostituées, qu’elles aient voulu s’émanciper de la violence d’un mari, d’un amant, qu’elles aient voulu vivre autrement ou qu’elles soient simplement différentes, elles sont « aliénées » puisqu’elles ne rentrent pas dans la norme.
Ici les hommes font du mal. Ils violent les patientes et les brisent à nouveau. Ils expérimentent, reproduisent les crises d’hystérie douloureuses à l’infini au nom de la science. Ils blessent et décident. Ils sont peu présents dans le roman mais pourtant omnipotents.
Le Bal des folles de Victoria Mas dénonce tout autant les conditions de soins des ces femmes, que LA condition de la femme qui a certes évoluée, mais pas suffisamment encore.

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