Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

yannick grannec

  • Certaines ont lu un livre...

    Voilà encore un livre de femmes écrits par une femme. Dans Certaines n'avaient jamais vuCertaines n'avaient jamais vu la mer julie otsuka la mer de Julie Otsuka, la voix des ces femmes japonaises vendues par leurs familles à des japonais qui ont émigrés aux Etats-Unis au début du 20éme siècle est carrément bouleversant. La narratrice qui n'est pas une femme mais toutes CES femmes à la fois, décrit leur parcours de vie et leurs désillusions. Elles pensaient que leurs vies allaient changer, que les hommes qu'elles allaient épouser leur offriraient une vie de confort et de richesse alors qu'elles se retrouvent à travailler dans les champs, à perdre leurs enfants leurs innocence et leurs illusions.

    Certaines n'avaient jamais vu la mer... certaines ont travaillé dans le champs d'autres chez de riches américains... certaines ont accouché dans les champs... certains ont vendu leurs enfants... certaines ont vu leurs maris arrêter par le gouvernement américain pour espionnage au temps où il ne faisait pas bon être japonais aux Etats-Unis... Certaines...

    Le livre se contruit ainsi pendant 140 pages et on ne s'en lasse pas, peut être que si ils avaient fait 100 pages de plus ça m'aurait gonflée. On pourrait même croire que l'auteur a choisi la solution de facilté, mais non l'émotion et le talent sont là. Je vous cache pas que je n'ai pas pu lire le livre d'un trait, beaucoup trop émue par le chapitre sur le enfants. Julie Otsuka mérite amplement le prix Fémina Etranger qu'elle a reçu et je conseille vivement ce livre !

    Si vous avez aimé La déesse des petites victoires ou L'armoire des robes ouliées de Rikka Pullkinen ou encore Love de Toni Morrison vous aimerez Certaines n'avaient jamais vu la mer.

  • E = MC² mon amour

    la déesse des petites victoires, adele godel, yannick grannecIl est des histoires de femmes racontées par d'autres femmes. Il est des livres qui vous font penser à d'autres histoires, lues, entendus ou vécus. Il est des livres dont vous hésiter à parler par peur de mal le faire tellement ils vous ont pris au coeur...

    Il est des femmes qui sont des déesses du quotidien, des déesses des petites victoires qui font tenir ceux qui les entourent. Adèle Godel fut l'une d'elles et sans elle les mathématiques modernes n'auraient peut être pas été plus riches du théorème d'incomplétude. Pourtant la jeune Adèle danseuse de cabaret dans la tourbillonnante Vienne des années 20 n'a rien d'un génie des mathématiques logiques. Elle est frivole et sait lever la jambe bien haut pour séduire les hommes. Là voilà, Adèle telle que la rencontra celui qui devint plus tard un des plus grands mathématiciens du 20ème siècle, le père du théorème de l'incomplétude, le jeune, brillant mais complètement névrosé Kurt Godel.

    Soixante ans plus tard, Adèle a pris beaucoup de poids et vivote l'esprit plein de rancœur contre l'etablishement dans une maison de retraite de Princeton. Elle est la gardienne des derniers travaux de son mari puisque celui-ci a laissé de nombreuses notes manuscrites qui n'ont jamais été lues par personne et que l'université a déjà de maintes fois essayé de récupérer.

    Alors quand elle envoie Anna Roth, jeune documentaliste désabusée et tombée là sans rien demander à personne, pour les récupérer, Adele ne lui fait pas le moindre cadeau. On pourrait penser que lorsque l'on a vécue toute sa vie aux côtés des plus grands esprits scientifiques du siècle on n'hésite pas à tout donner à la science comme un cadeau et qu'Adele n'a que faire des notes de son mari. Sauf que pour le coup, Adèle a déjà tout donné, elle a laissé sa vie, sa famille et ses envies de maternité de côté pour lui, ses névroses, ses obsessions et sa science. Kurt Godel était un génie, incompris, paranoïaque, complètement névrosé et enclin à de terribles crises d'angoisse qui le coupaient de tout et de tous. Adèle fut à la fois sa maîtresse, sa femme, sa mère et surtout et plus que tout son infirmière dans un milieu d'intellectuels qui l'a toujours méprisée en ne voyant en elle que l'ancienne danseuse de cabaret. Alors que ferait elle de notes scientifiques qu'elle est bien incapable de comprendre ? Rien, pensent les anciens amis de son mari. Et effectivement Adèle ne s'en cache pas. Mais puisque la folie de son mari lui a tout pris il ne lui reste plus que ça pour exister et Adèle recherche seulement de l'attention

    Alors voir débarquer cette jeune documentaliste est l’occasion pour Adèle d'en trouver enfin, quitte à la faire tourner en bourrique. Une singulière et authentique relation de viens-par-là-que-je-t'attrappe se noue entre Anna et Adele et c'est l’occasion pour celle-ci de tout raconter : Kurt, l'amour, la folie, le génie, le mépris, la médisance, la montée du fascime en Autriche, la bombe A, le projet Manhattan, ce vieil Albert Einstein...

    la déesse des petites victoires, adele godel, yannick grannec, kurt godelJe suis une littéraire alors pour moi les maths y a pas plus logique et terre à terre. 1 + 1 = 2 et basta. Alors déjà quand on me dit que tout ne peut pas être démontrer par les mathématiques, et qu'en plus Kurt Godel l'a justement démontré, ça titille ma curiosité. Et en plus quand Yannick Grannec le fait je ne lâche plus le bouquin ! La Déesse de petites victoires, c'est LE coup de coeur 2012, y en a eu d'autres mais il les a éclipsé, et si vous ne devez lire qu'un roman cette année, sincèrement lisez-le !

    Ce bouquin m'a fait penser au film Un homme d'exception, l'histoire vraie de John Nash, un autre génie du 20ème siècle rongé par la schizophrénie et qui est tout aussi génial !