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rentrée littéraire d’hiver 2020

  • Neufs parfaits étrangers

    Neuf parfaits étrangers ça fait penser à Dix petits nègres, et pour cause le dernier Liane Moriarty est un huis clos entre neuf parfaits étrangers vous l’aurez compris, qui se retirent pour une retraite de 10 jours à Tranquillum House. Au programme : « noble silence », marche et méditation en pleine conscience et jeûne.

    Il y a Frances l’auteure de romans sentimentaux à succès, le jeune couple de nouveaux riches, Ben et Jessica, Lars, l’avocat brillant et scandaleusement beau, Heather, Napoleon et Zoé Macroni, la famille idéale de sportifs.

    Sous le vernis parfait de leurs existences (argent, succès, beauté) se cachent des blessures plus ou moins profondes qu’on ne devine pas immédiatement. Pour les deux autres participants de la retraite leurs motivations sont assez flagrantes. Carmel, mère de 4 filles, profondément dépressive suite à son divorce et Lars, un homme triste à en mourir, en surpoids et lui aussi profondément dépressif.

    Pour les guider vers leurs « nouveaux eux » Dalila et Yao deux conseillers bien-être et Mascha la directrice du centre, une espèce de créature divine, céleste et évanescente dont la beauté n’a d’égale que son égo et… sa folie.

    Comme d’habitude Liane Moriarty nous donne une grosse taloche derrière la tête pour nous faire rentrer dans le crâne que les apparences ne sont que des apparences. Rappelez-vous ces vies tranquilles dans les banlieues bourgeoises australiennes et ces mariages parfaits de Petits secrets et gros mensonges ou À la recherche d’Alice Love, que Moriarty dissèque pour en extraire les secrets et les failles.

    Mais cette fois ci j’ai trouvé que la mayonnaise ne prenait pas vraiment. Un peu de lassitude peut-être ? Je ne pense pas. Le fait que ce soit un huis-clos ? Non plus, je suis assez fan de ce genre d’ambiance pour preuve Puzzle et Vertige de Thilliez, Le Mystère Sherlock de JM Erre, La Disparue de la cabine n°10 de Ruth Ware ou Invitation à un assassinat de Carmen Posadas pour ne citer que ces quelques huis-clos que j’ai aimés. À noter que tous ces exemples sont des polars, c’est peut-être cela qui m’a gêné dans Neuf parfaits étrangers : le genre. Parce ce que ces situations de confinement, en littérature, fonctionnent très bien avec les polars et les thrillers et que le dernier Moriarty n’a rien de tout cela.

    « L’enfer c’est les autres » comme l’a écrit Sartre dans le plus célèbre huis-clos de la littérature française (qui n’est pas un polar, tiens

  • Le garçon qui voulait être Mary Poppins d’Alejandro Palomas

    Mon premier roman d’Alejandro Palomas et assurément pas le dernier, mon coup de cœur littéraire de ces derniers mois. Un magnifique roman chorale tout en sensibilité et pudeur ou la voix de l’enfance se mêle à celles des adultes.

     

    « Quand je serai grand, je veux être Mary Poppins » voilà la réponse de Guille à son institutrice et le point de départ du roman et de votre voyage dans l’univers poétique d’Alejandro Palomas.

     

    Guille, 9 ans, ne veut pas être astronaute, joueur de foot ou président du monde comme ses camarades, non, lui veut être Mary Poppins. Un souhait qui met la puce à l’oreille à son institutrice. Nouveau dans l’école, hypersensible, il n’a qu’une seule amie Nazia, immigrée pakistanaise, avec qui il passe tout son temps libre. Le petit garçon affiche un sourire et une joie de vivre en toutes circonstances. Cela malgré l’éloignement de sa mère partie travailler à Dubaï quelques temps comme hôtesse de l’air et de son père un homme bourru, un peu brute de décoffrage qui ne comprend pas l’engouement de son fils pour Mary Poppins, les contes de fées et la magie, lui qui préfèrerait le voir faire du rugby. Pourtant Guille ne se défait jamais de son sourire et de son entrain.

    Et si tout cela n’était que la face cachée de l’iceberg, l’arbre qui cache non pas une forêt mais un secret bien trop lourd à porter pour un enfant de 9 ans ? Malgré les réticences du père de Guille, Sonia son institutrice l’envoie consulter Maria la psychologue de l’école afin de lever le voile sur les secrets du petit garçon. Et ce n’est pas un mais plusieurs secrets qui vont être dévoilés.

    Vous comprendrez très vite quels sont les secrets dont Guille préserve son entourage et comme moi vous en voudrez à Maria, la pauvre psychologue de ne pas voir ce qui est juste sous son nez. Et pourtant le roman ne pourrait pas fonctionner sans la défaillance des adultes, leurs trahisons et leurs propres douleurs car Le garçon qui voulait être Mary Poppins est une ode à la force de l’enfance et un juste rappel à l’ordre à nous, les adultes , qui devons les protéger.

     

    Le seul reproche que je ferais à ce magnifique roman, est que nous ne savons pas ce qu’il arrive à Nazia Avis à Alejandro Palomas, à quand la suite pour connaître son histoire !

  • Déjeuner en paix de Charlotte Gabris ( le livre pas la chanson)

    Deux inconnus qui déjeunent en terrassent, elles s’observent et se jaugent sans rien savoir l’une de l’autre.

     

    Qu’elle est énervante cette parisienne branchée avec sa robe fleurie, ses Stan Smith et son vélo de bobo !Et qu’est-ce qu’elle est triste cette fille qui déjeune seule en terrasse, sûrement une touriste , une fille « jamais trop prudente avec son parapluie alors qu’il ne pleut pas ». .

     

    Et comme il est bon de voir ses travers dans le miroir de Déjeuner en paix, le premier roman de Charlotte Gabris. Toute ressemblance avec des personnages existants est tout simplement voulue et assumée par l’auteure. Une sorte de catharsis littéraire.

    Les voix de ces deux jeunes femmes se succèdent tout le long du livre, mettant en lumière notre capacité à sublimer à tort la vie d’inconnus quand la notre ne tourne pas rond. Toutes les réflexions des deux jeunes femmes sont tissées autour de faux semblants, tout y est fake selon le point de vue où l’on se place.

    Rafraichissant et qui donne à réfléchir !