Au coeur d'un quartier bourgeois du Caire qui a perdu de son prestige depuis l'assassinat du président Sadate, "L'immeuble Yacoubian" d'Alaa El Aswany est le refuge de personnages hauts en couleurs.
Ils se partagent les logements selon leurs statuts sociales et leurs revenus : aux nouveaux riches et anciens aristocrats les appartements immenses au charme désuet et bourgeois, aux pauvres les cabanes de métal de 2 mètres sur 2 sur la terrasse de l'immeuble.
En plein cagnard égyptien ceux-ci courent après les magouilles pour gagner quelques livres supplémentaires alors que les premiers font la même chose mais dans la torpeur modérée de leurs appartements chics et pour quelques milliers de livres.
Du jeune étudiant pauvre qui rêve de rentrer dans la police, à la jeune égyptienne dont la beauté attise la convoitise des hommes en passant par l’ancien aristocrate dont le train de vie a basculé avec l’assassinat de Sadate, tous vivent en contradiction avec leurs propres valeurs, leurs religions et leurs familles, coincés entre des traditions séculaires et un mode de vie qu’ils rêvent occidental.
Sorti en 2006, L’immeuble Yacoubian nous éclaire sur les raisons de la chute de Moubarak, ce « Grand Homme » jamais cité, mais dont l’ombre plane sur toutes les magouilles et la corruption qui pourrie le pays tout entier.
Loin de l’image décrite par les romans de Christian Jacq, on découvre ici une Egypte inconnue où chacun se bat avec ses propres armes pour vivre mieux. L'intrusion dans la vie privée des habitants de l'immeuble Yacoubian a de quoi satisfaire ma vocation ratée de concierge !
« Un grand projet pour lequel il avait travaillé dur… : le Grand Homme arrivait et prenait le quart des bénéfices comme sur un plateau ! C’était une imposture et du gangstérisme. »
A voir également : le film !