Ou de Larcenet comme la preuve de l'existence du talent chez les dessinateurs de BD. Ou du chien de Larcenet comme la preuve que l'homme est un animal comme les autres. Ou du talent en trois strips sur chaque page comme preuve irréfutable de l'émotion de 3 coups de crayon. Ou De Mon chien comme la preuve irréfutable de l'inexistence d'un dieu omniprésent, preuve irréfutable que dieu n'a rien à voir là dedans et n'aidera jamais le chien de Larcenet à trouver son os.
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Les centrales nucléaires ne font pas le printemps...
Emmanuel Lepage fait partie d'un collectif d'auteurs dessinateurs engagés : les Dessin'acteurs. Ici les illustrateurs BD sont "acteurs" de leurs convictions et dessinent conte le nucléaire, les OGM et tutti quanti. Un Printemps à Techernobyl de Lepage pourrait ressembler à un livre d'art par son format mais pas par ses couleurs qui suintent tous les pastels de gris de la région de l'ancienne centrale nucléaire depuis la catastrophe qu'on connait.
Dans un village de fiers bretons, on continue de résister à l'envahisseur et on décide de monter une espèce de résidence d'artistes en plein dans la zone contaminée de Tchernobyl. Le but de Lepage et de ses acolytes est de décrire la vie de ceux qui continuent de vivre dans cette zone de la mort par choix, parce qu'ils n'ont pas voulu quitter leur terre, parce que le gouvernement de l'ex-URSS ne leur a pas vraiment offert d'autre alternative... Le bilan sociale, humain, psychologique et ne parlons même pas de la grosse note salée écologique est très, très lourd comme on le sait. Lepage et les autres Dessin'acteurs vont passer plusieurs semaines dans les décombres de la catastrophe à la rencontre de ceux qui la vivent au quotidien et c'est bouleversant. Je n'ai qu'un regret concernant cet album... et il me parait gros et lourd de sens pour des dessinateurs venus du pays europpéen le plus fourni en centrales nucléaires... Les motivations de cet album paraissent ambigues. Il y a la volonté de condamner les autorités qui laissent quasiment à l'abandon la zone de Tchernobyl et ceux qui ont choisi d'y rester, oui c'est un fait. Mais, Lepage et ses amis donnent l'impression de se faire un peu mousser en affrontant la zone de la mort armés de leurs compteurs Gieger alors que ceux qu'ils dessinent ne voient même pas forcément ce que c'est... Ils ont plus l'air de "se toucher la nouille" comme on dit qu'autre chose. Ce n'est que mon avis mais ils ont au moins eu le mérite de faire un album sur les oubliés de Tchernobyl.
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Dora
Ca c'est un bel exemple de ce qu'on fait de bien graphiquement et scénaristiquement parlant en BD indé (-pendante ou alternative, comme vous préférez). Avec des traits pleins et ronds un peu comme Marjane Satrapi (Persepolis, Poulet aux prunes, Broderies...) et moins crayonnés que Nancy Pena (Le Chat du kimono tuerie 2011, Les Nouvelles aventures du chat potté), Minaverry l'Argentin, inconnu en France, raconte l'histoire en noir et blanc de Dora. Dora, juive marocaine de 16 dans le Berlin de la fin des années 60, a été transbahutée au gré de l'Histoire entre Paris, Amsterdam, Fez et Berlin. A Amsterdam son père a été déporté vers Aushwitz où il y est décédé, à Féz elle a grandi, à Paris habite sa mère. Et à Berlin elle travaille dans les archives récupérées aux nazis après la fin de la guerre.
Dora n'oublie pas les camps, n'oublie pas son père et n'oublie Josef Mengele le médecin d'Auchwitz disparu depuis la chute de Berlin. Tous les jours elle photographie les archives concernant les nazis qu'on a pas encore retrouvés avant Nuremberg, surtout celles qui traitent de Mengele. Elle se fait sa petite collecte d'archives persos, comme un écureuil sa provision de noisettes, jusqu'à ce qu'elle revienne vivre avec sa mère à Paris. A Paris, son histoire et son intrépidité vont lui faire rencontrer de jeunes militants communistes et elle croisera sur sa route les porteurs de valises du FLN. Ce sont ses archives et son amie d'enfance Judith, partie en Argentine avec sa famille qui vont lui ouvrir les portes de l'espionnage et des réseaux d'exflitrations des anciens nazis, réseaux favorisés par les péronistes en place pendant la seconde guerre mondiale. Parce qu'il semblerait bien que Mengele a été reperé en Argentine. La clef de sa mission là-bas réside dans un mystérieux personnage qu'on imagine bien travailler pour le Mossad même si ce n'est jamais dit.
Dora , c'est tellement de la BD indépendante que c'est seulement quand on a fini l'album qu'on sait que ce n'est pas un one-shot ! Il y a un deuxième tome mais pas de tomaison sur le premier, pas de titre de série et pas titre pour le premier tome. AAAAAAh je suis restée sur ma faim, car Dora m'a complètement scotchée par le dessin et par le fond, parce qu'en plus d'être une histoire avec un petit H en marge de celle avec un grand H, Dora c'est aussi le parcours initiatique d'une jeune fille qui découvre le sexe, les clopes, les causes militantes, la responsabilité de ses actes, la conscience...
Si vous aimez Dora , alors vous aimerez le premier tome (seul paru pour le moment) d'Ernesto par Gabriel Ippoliti, sur la jeunesse romancée mais peut être pas si fictive que ça du Che.