En cette rentrée littéraire 2012, beaucoup de livres m'appellent en me tendant leurs pages et leurs énigmes : Atomk[a] de Franck Thilliez, Home de Toni Morrisson, La vie rêvée d'Ernesto G de Guernassia, L'enfant grec de Vassilis Alexakis, La véritée sur l'affaire Harry Quévert de Joël Dicker, La fabrique des illusions de Jonathan Dee, Certaines n'avaient jamais vues la mer de Julie Otsuka, Dans le jardin de la bête d'Erik Larson... pour n'en citer que quelque uns.
Alors comment on fait pour les lire tous ? On a le compte en banque bien fourni et on les achète tous ou on est abonné à une médiathèque et on attend son tour dans la spirale infernale des réservations de la rentrée littéraire.
Alors bon, oui je suis inscrite dans une médiathèque. Sauf que je suis la dernière à avoir les bouquins entre les mains pour les lire tranquillement. C'est moi qui les achète et comme le lecteur passe toujours avant je dois attendre que tout le monde les ai lus pour le faire et me faire ma propre idée... et oui c'est triste ça casse un mythe les bibliothécaires ne lisent pas au travail. Même si je voulais lire Marc Lévy je le ferais 10 ans après tout le monde.
Mais 2012 est mon année, I did it j'ai lu un livre de la rentrée littéraire avant les lecteurs ! C'est parce que Le Lynx de Sylvia Avalone ne fait que 60 pages que j'ai pu le lire entièrement avant qu'il soit équipé.
Je n'avais jamais lu Sylvia Avalone (très connue pour D'acier), et même si son écriture m'a plu, bien maitrisée dans la forme et le fond j'ai eu comme une sentiment de frustration. C'était trop maitrisé, j'aurais voulu parfois que l'écriture dérape, trouver presque des fautes de syntaxe et des mots un peu plus "brouillons", pour bien illustrer la frustration et le désir du personnage principal.
Parce que Piero est un lynx, un chasseur qui se jette sur sa proie après l'avoir épié, guetté et terrifié. Piero c'est un dominant qui vit en marge de la société avec une bigote pour femme qui lui reproche ses séjours répétés à l'ombre pour braquage de banque, de stations services etc. Il aime les belles bagnoles qu'il se paye avec de l'argent sale, porte des chemises ouvertes sur sa croix "parce qu'il croit en la vierge Marie, mais pas en dieu". Il est clinquant, bling bling comme on dit maintenant. Et la "chasse" pour lui c'est comme une drogue, une poussée d'adrénaline qui le scotche et le fait vivre. Au détour d'un braquage improvisé mais parfaitement maitrisé d'une station service, il rencontre un adolescent aussi paumé que lui mais à son inverse lui l'assume et l'affiche.
Piero ne peut plus se passer de ce gamin dont il n'apprendra presque jamais rien, qui lui dissimule soigneusement sa vie et ses amis. L'adrénaline maintenant c'est de lui qu'elle vient et de ce corps masculin qu'il n'aurait jamais pensé toucher, et encore moins aimé. Oui, parce que souvent les belles voitures vont avec les belles femmes et Piero est un courreur. Et le chasseur devient la proie. Sylvia Avalone sous entend les sentiments de Piero, elle les exprime brillament j'avoue avec beaucoup de pudeur à l'image de Piero qui vit un amour à l'opposé de ce qu'il connait. A savoir si cet amour est partagé, je ne le pense pas, c'est juste l'histoire triste d'un ado paumé qui prend les mains qu'on lui tend pour essayer de se sauver lui même, et d'un macho en fait tout aussi paumé qui comprend qu'on tombe amoureux d'une personne et pas d'un sexe.